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empruntées à l’auxiliaire être. Pas autrement, du reste, n’ont procédé les latins pour leur imparfait, car l’r de amarem peut être assimilé à un s, comme c’est le cas pour beaucoup de formes du verbe esse, et ainsi se trouve révélée la présence de l’auxiliaire. La différence avec le latin, c’est que, dans les verbes dithématiques, on peut constater que c’est le thème du parfait qui a été choisi par les langues romanes. Ainsi, en vieux français, à la troisième personne des parfaits peut, deut, seut, correspondent les imparfaits du subjonctif : peüsse, deüsse, seüsse. C’est là le motif qui les fait dériver du plus-que-parfait du subjonctif latin ; nous dirons, nous, qu’ils se sont formés de la même manière que les temps passés latins, ce qui s’explique fort bien sans recourir à un intermédiaire. Un fait à remarquer, c’est qu’en vieux français, l’imparfait a été longtemps le seul temps passé du mode subjonctif.

Le futur, comme nous l’avons fait observer, était voué à la disparition, du moment que le présent et l’imparfait avaient usurpé ses formes. Le nouveau futur s’est formé, non pas en temps composé bien distinct, mais par une union synthétique de l’infinitif avec l’auxiliaire avoir, si bien que, par exemple, le français dit aimerons, au lieu de aimer-avons et l’espagnol, cantaré, pour cantar-hé.

Le conditionnel s’est formé de la même manière au moyen de l’imparfait de l’auxiliaire, et c’est bien en effet un futur de l’imparfait, comme on le reconnaîtra facilement en juxtaposant ces deux phrases :

Il m’assure qu’il partira demain.
Il m’a assuré qu’il partirait demain.