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de l’accent latin, nous répondrons que ce serait tourner dans un cercle vicieux que de déduire cette règle des formes, pour la faire servir à expliquer l’origine de ces mêmes formes.

Dans le dialecte liégeois, nous trouvons les deux formes de l’imparfait réunies, la seconde servant de passé défini et donnant son pluriel à la première, ce qui nous confirme dans l’idée que le présent latin (nous entendons toujours la forme de la source commune), étant de l’aspect imparfait, pouvait donner naissance à un temps passé.

L’exemple de l’allemand nous montre que, si étrange que cela paraisse, les idées d’imparfait et d’aoriste peuvent être rendues par un même temps. Nous trouvons, dans l’imparfait allemand, des formes imparfaites comme lebte à côté de formes aoristes comme las ; peut-être autrefois formaient-elles des temps distincts ; mais aujourd’hui, chacune de ces formes a la signification des deux temps. Dans le latin classique, c’est le parfait et l’aoriste qui sont réunis ; dans les langues romanes, les formes sont séparées, mais, comme nous venons de le dire, on retrouve dans le patois de Liège la confusion allemande entre l’imparfait et l’aoriste. Voici les paradigmes de l’imparfait et du passé défini dans les quatre conjugaisons :

imparfait.
J’aimève. Ji finihève. Ji d’vève. Ji rindève.
T’aimèves. Ti finihèves. Ti d’vèves. Ti rindèves.
Il aimève. I finihève. I d’vève. I rindève.
Nos aîmîs. Nos finihîs. Nos d’vîs. Nos rindîs.
Vos aîmîz. Vos finihîz Vos d’vîz. Vos rindîz.
Il’ aîmît. Is finihît. Is d’vît. Is rindît.