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lien seul a l’imparfait partout analogue au latin et que cette prédominance définitive du patois de l’Île-de-France qu’il constate ne nous explique pas les différences des conjugaisons en bourguignon, en provençal, en espagnol et en portugais. Comment, tandis que abam faisait ava et ève, ebam aurait-il donné ia et oie ? C’est là qu’est véritablement la question.

Pour notre part, nous inclinons à croire que cette forme plus courte en ia et oie n’est pas l’analogue de l’imparfait en bam. Celui-ci ne peut être rapproché que des formes de l’italien et du patois de Liège, et pour les autres langues, de la première conjugaison seulement. Pour expliquer ia et oie, il faut recourir à un autre temps de l’aspect imparfait.

Si l’on se rappelle ce que nous avons dit de la formation du présent au moyen de la forme du futur, on comprendra que le premier temps aura dû avoir au début une signification analogue à celle de l’imparfait en bam, avec lequel il faisait un même aspect. Peut-être ne serait-il pas téméraire de conjecturer que la forme actuelle du présent constituait à elle seule, au début, cet aspect où la forme en bam a été introduite ensuite pour former le passé de l’aspect imparfait. Nous croyons donc que le présent latin (c’est-à-dire une forme analogue de la source commune) pourrait fort bien avoir formé, non seulement notre présent, mais aussi notre imparfait, ce dernier par l’intercalation d’un a, comme pour le présent d’une catégorie de verbes sanscrits. Que l’on remarque, en effet, que si amãmus, amãtis, ont donné aimons, aimez, legãmus et legãtis ont abouti à lisions, lisiez. Que si, pour les autres personnes, l’on nous objecte les règles