Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 22.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 152 —

futur. Ainsi, en sanscrit, le temps imparfait (qui a pris en latin d’abord, chez nous ensuite, le nom de l’aspect lui-même dont il n’est qu’un temps passé) emprunta la forme de l’aoriste second, qui disparut presque complètement ; là où celui-ci est resté, il se distingue par un thème plus court : aoriste, asṛpam ; imparfait asapam, de sṛp, ramper. En grec, il y a parallélisme entre les formations du futur et du présent, de l’aoriste et de l’imparfait.

Aspect parfait. Le parfait est l’action envisagée dans son résultat ; il ne constitue donc pas à proprement parler un temps. Ce n’est que plus tard qu’on y a attaché une idée de passé, mais il a gardé quelque chose de sa signification primitive, en indiquant aussi l’état présent. En grec, comme en sanscrit, sa forme est le redoublement.

Mais les diverses formes que nous venons d’exposer n’épuisaient pas toutes les combinaisons possibles : il fallut en créer de nouvelles. Le passé et le futur de l’aspect aoriste dépossédés devaient être remplacés ; puis, si l’on voulait attribuer les trois temps à chaque aspect (un idéal qui n’a été réalisé qu’en partie), il ne fallait pas moins de neuf formes. C’est ici qu’on abandonne le mode de formation jusqu’alors suivi pour recourir aux verbes auxiliaires.

Deux racines représentent à peu près partout l’idée d’existence : en sanscrit, as et bhû ; en grec, ἐϛ et φυ ; en slave, es et by ; en latin, es et fu, etc. Ces verbes, par la simplicité même de leur signification, qui n’impliquait aucun acte, mais seulement un état fort peu déterminé, étaient naturellement prédestinés à servir d’auxiliaires ; mis à la droite de la racine, ils n’y ajouteraient que l’idée du temps qu’on voulait préciser.