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en sanscrit, on introduira une particule entre le radical et la terminaison : tud-â-mi, kr-nô-mi ; en grec : πυµ-ά-ω, φιλ-έ-ω. Ou bien on prendra un thème allongé τυπτ au lieu de τυπ ; ou enfin on adoptera simplement la forme du futur, λύω, et le futur (second) disparaîtra[1].

Le même fait se produit dans les langues slaves. Pour le russe, par exemple, le futur de l’aspect aoriste a donné les formes de l’aspect imparfait comme suit : oumrou, je mourrai ; oumiraiou, je meurs ; brochou, je jetterai ; broçaïou, je jette. Là où l’aspect imparfait s’est approprié la forme du futur aoriste, ce dernier s’est reconstitué au moyen d’une préposition : létou, je vole ; polétou, je volerai ; pichou, j’écris ; napichou, j’écrirai.

Mais peu à peu l’idée de l’action indéterminée ou prolongée faisait naître un nouveau temps à côté du passé et du futur, c’était le présent. Dès lors, la première forme de l’aspect imparfait ayant été affectée à ce temps, il fallut de nouvelles formes pour compléter les temps de cet aspect qui s’étendait par différenciation.

Pour le passé, on fit subir au passé de l’aspect aoriste (à l’aoriste proprement dit) la même modification qu’au

  1. Nous devons constater ici que la plupart des grammairiens considèrent τυπῶ comme une contraction de τυπεσω, et, par conséquent, comme un futur composé ; mais nous trouvons nombre d’exemples où il n’y a pas moyen de nier l’identité de la forme du futur avec celle du présent : Χέω, ἔδοµαι, πίoµαι, et dans Homère : ἐλόω, δαµάᾳ, Βἐοµαι, ανύω, ἐρύω.

    Les grammairiens veulent voir ici des présents employés dans le sens du futur. Nous croyons que l’ancienneté même de ces formes repousse cette supposition, et la comparaison avec le futur slave nous confirme dans l’opinion que c’est le présent qui a emprunté sa forme au futur.