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slaves, qui ont groupé les formes verbales d’après les aspects, — et d’éminents sanscriptologues ayant établi l’analogie entre la conjugaison grecque et la conjugaison sanscrite, nous pouvons joindre cette dernière aux deux précédentes ; — d’un autre côté, les langues germaniques et les langues romanes (latin compris), où domine l’idée de temps.

Disons d’abord ce qu’il faut entendre par aspects.

Nous nous figurons le verbe primitif comme un mot racine auquel on ajoutait des suffixes personnels : mi, ti, si, pour les trois personnes du singulier sanscrit ; μαι, ται, σαι, du moyen grec ; m, s, t, du futur latin, etc. Mais cela ne pouvait suffire et le verbe était appelé à exprimer d’autres circonstances de l’action. D’abord, on envisagea celle-ci sous trois aspects différents : ou bien elle était fugitive, instantanée, l’aspect aoriste de Grecs ; ou bien prolongée : c’est l’aspect indéterminé ou imparfait ; ou bien elle était accomplie et considérée dans ses résultats : aspect parfait.

Le sanscrit et le grec ont les trois aspects ; dans les langues slaves, l’aoriste et le parfait se confondent en un seul aspect, qui prend le nom du dernier.

Comment ces trois genres d’action ont-ils été rendus ? L’aspect aoriste a dû naturellement revêtir la forme la plus courte, tandis que l’imparfait se rendait par un allongement et le parfait par un redoublement qui marque, en quelque sorte, l’accomplissement. C’est ce que nous constatons en sanscrit et en grec[1]. Dans ces deux

  1. Ce que nous disons de l’aoriste de ces deux langues a trait à l’aoriste second.