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hautes classes et les écrivains, ne se prêtait pas, par sa nature même, à une production nouvelle, tandis que l’idiome populaire, beaucoup plus simple, portait en lui le germe et la susceptibilité d’un développement exigé par le temps et les besoins nouveaux. Aussi, quand l’invasion germanique eut détruit avec les hautes classes toute la vieille civilisation, le latin aristocratique s’éteignit de lui-même ; le latin populaire, surtout dans les provinces, poursuivit son cours d’autant plus rapidement, et finit par différer à un très haut point de la source dont il était sorti ».

Donc Diez reconnaît que la langue littéraire n’a pas pu pénétrer dans le peuple. Et pourquoi s’arrête-t-on ici dans la voie des suppositions hardies, tandis que, sur d’autres points, on s’y avance résolument ? C’est qu’un très grand nombre de mots des langues romanes se refusent à une dérivation classique. On a donc dû recourir au latin populaire qu’on a pris de trois sources :

1° Les mots que l’on trouve dans les auteurs antérieurs à ce que l’on a appelé la bonne latinité, tels que Plaute et les fragments des auteurs qui l’ont précédé ; dans les inscriptions ; ceux que les auteurs postérieurs ont employé en les mentionnant comme anciens.

Ici je m’empresse de reconnaître qu’on a parfaitement raison de rechercher de préférence une parenté dans les mots de ce genre, car il est évident que moins le latin avait été travaillé littérairement, plus il devait ressembler à l’ancien gaulois, avec lequel il avait une origine commune.

2° Les mots employés par les écrivains dits de la décadence, alors que, suivant nos auteurs, le latin populaire