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synthèse. À la longue, on oublie que la terminaison indique tel ou tel rapport, ou on veut le préciser davantage, et la préposition réapparaît à côté du cas, le pronom à côté de la terminaison personnelle. C’est dans cet état transitoire que nous voyons beaucoup de langues. Mais chez certains peuples, la langue arrive logiquement sur ce point à l’analyse pure, comme l’anglais, par exemple, qui a sacrifié aussi bien les désinences personnelles que les cas (sauf un). Le français est resté à mi-chemin : il a supprimé les cas, mais il a conservé les terminaisons personnelles, quoique bien assourdies.

Tous ces changements demandent, pour s’opérer, le concours du temps et n’ont jamais lieu comme par l’effet d’une baguette magique. Ici, les romanistes se servent, comme d’argument, d’un fait qui prouve précisément combien ces transformations s’opèrent lentement. Le français nous apparaît, au IXe siècle, avec deux cas seulement, et encore y a-t-il de très nombreuses exceptions (ajoutons que nous ignorons combien de temps il a été dans cet état antérieurement), et ces cas ne disparaissent qu’à la fin du IXe siècle.


La théorie de MM. Littré et Gidel n’est point celle de Diez, qui a suivi M. Brachet. Voici comment Diez s’exprime à ce sujet :

« Une fois l’existence d’une langue populaire (latine) admise comme un fait démontré par des raisons d’une valeur universelle, il faut en reconnaître un second non moins inattaquable, c’est la naissance des langues romanes de cette langue populaire. En effet, la langue écrite, qui s’appuyait sur le passé et qui n’était cultivée que par les