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n’y a eu aucun soulèvement qui ait provoqué une guerre d’extermination. Les révoltes de Florus à Trêves et de Sacrovir à Autun furent trop promptement étouffées pour avoir été suivies de représailles sur toute la nation.

Ce n’est point par ce moyen violent que les Romains ont établi leur empire. On sait avec quelle habileté, la lutte une fois terminée, ils traitaient les vaincus, leur laissant leur administration locale, l’usage de leur langue dans les rapports officiels locaux (comme le prouvent, entre autres, les Tables eugubines), tout en prenant la précaution de semer, çà et là, des colonies romaines. C’est grâce à cette organisation qu’Annibal eut beau se promener à travers l’Italie, il ne put susciter de défections autres que celles de Capoue et des Gaulois récemment soumis.

Mais il ne faut pas se hâter de faire état des colonies pour la Gaule. Les savants romanistes parlent beaucoup de colons romains : où donc aurait-on été les prendre ? On connaît la disparition graduelle des agriculteurs libres en Italie, aux plus beaux temps de la République. Le mal ne fit que s’aggraver sous l’Empire et il arrache à Pline l’Ancien ce cri de détresse, écho renforcé d’une exclamation qui avait retenti longtemps avant lui : « Verum confitentibus latifundia perdidere Italiam : jam vero et provincias ! »

Est-ce que, par hasard, ce peuple de Rome aurait été quitter ses plaisirs et sa vie gratuite (panem et circenses) pour coloniser la Gaule ? Et quels colons eût-on faits de ces mendiants ? Quant au reste de l’Italie, les travailleurs étaient en bonne partie des esclaves qui n’avaient rien de romain ni d’italien.