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brusquement de sa langue comme d’un vieux vêtement ? Pour que nous puissions admettre un fait aussi extraordinaire, ce ne serait rien de trop que de fortes preuves historiques. Or, nous croyons pouvoir affirmer : 1° qu’il est impossible d’expliquer où et comment les Gaulois auraient appris le latin ; 2° que rien ne prouve que les Bretons ou un autre peuple congénère aient été les ancêtres des Français.

I

Voici comment M. Brachet nous expose le travail d’assimilation :

« Le grand secret de la politique romaine réside, comme chacun sait, dans la perfection de son mode de colonisation. Lorsqu’une province était conquise, on employait deux moyens pour la conserver ; le moyen militaire consistait à entourer la portion conquise par des légions placées à la frontière ; une fois le pays conquis isolé ainsi de toute influence extérieure, on instituait à l’intérieur une administration énergique qui broyait en peu de temps les résistances locales ; on imposait aux vaincus la langue et la religion des vainqueurs, on exterminait ou l’on transportait les récalcitrants, qu’on remplaçait par des colons et des affranchis venus de Rome. Grâce à ce mode violent et habile, en quelques années la fusion des vainqueurs et des vaincus était accomplie, et moins d’un siècle après la conquête, on parlait latin dans toute la Gaule ».

Le lecteur aura souri, sans doute, du moyen militaire.