S’il est un fait généralement admis par tous les linguistes, c’est bien la provenance latine des langues romanes. De nombreux et admirables travaux sont venus donner à cette hypothèse une apparence de certitude qui rend la contradiction difficile, presque téméraire. Cependant ces travaux ne permettent de conclure qu’à la parenté et non à la filiation.
Ce qui nous fait hésiter à accepter cette thèse comme démontrée, ce sont les preuves que nous voyons autour de nous de la ténacité avec laquelle les peuples et même les plus petites fractions de peuple maintiennent l’usage de leur idiome, dans les circonstances les plus défavorables. Dans les pays où l’instruction est le plus répandue, les patois locaux subsistent à côté de la langue officielle que propage l’école. Je ne m’étendrai pas sur ce point, que l’on trouvera amplement développé dans un ouvrage sur l’origine de la langue romane que je compte publier prochainement. Je me propose seulement ici d’examiner si l’opinion reçue repose sur un fondement historique sérieux.