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subies avec le temps ; ainsi le tamoul, tout en restant le plus fidèle représentant de la langue-mère, a généralement adouci en œ (ei) les finales primitivement en a ou il les a supprimées, mais le malayâla les a conservées ; or, le malayâla n’est qu’un rameau détaché du tamoul à une époque déjà très reculée.

La plupart des noms reproduits par Ptolémée (livre XII, ch. Ier), que nous allons examiner tout à l’heure, sont tamouls. Il suffira donc de faire voir que la prononciation du tamoul n’a pas changé depuis deux mille ans, ou plutôt que nous sommes à peu près sûrs de prononcer les noms de pays et de villes tels que les ont entendus ceux qui ont fourni au géographe grec les renseignments à l’aide desquels il a décrit le sud de l’Inde. La comparaison des idiomes et des accents des divers peuples de la famille dravidienne nous révèle les changements que le temps a introduits dans le son de quelques voyelles. Ainsi, nous savons d’une manière à peu près certaine, comme nous l’avons dit tout à l’heure, que le langage antique affectionnait beaucoup les finales en a, tandis que le tamoul substitue à cette lettre une sorte d’e muet, la change en œ (ei) ou la supprime (cf. tam. paḍa, pron. paḍe ; talœ pour tala ; ûr pour ûra). Les langues dravidiennes n’ont été cultivées qu’après l’invasion aryenne : on a sans doute écrit tout d’abord comme l’on prononçait ; cela est probable, car nous voyons qu’on a inventé des lettres pour représenter des consonnes qui n’avaient pas leurs correspondantes en sanskrit. C’est seulement plus tard que l’orthographe de quelques mots a été modifiée ; ainsi, dans les inscriptions tamoules, les é initials sont toujours écrits yé ; en tamoul, en effet, l’e ou l’o au commencement des mots est toujours accompagné de la semi-voyelle harmonique y ou w, qu’on n’exprime plus aujourd’hui dans l’écriture : dans les mots empruntés au sanskrit, ya initial devient souvent è (pron. ), et l’on a par exemple éndiram pour yantram