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Scaliger avait écrit autre part :

« Basque. Ce langage tient sept journées. Il y en a six et ultra montes ; à une demi-lieuë de Bayonne commence le langage. Il y a Basque en France, Navarre et Espagne. Il faut que les Basques parlent quatre langues : françois, parce qu’ils plaident en françois au présidial de Bayonne, et de là à la sénéchaussée d’Acqs ; gascon, pour le pays ; basque, et espagnol. C’est un langage étrange que le basque ; c’est le vieil espagnol, comme le breton bretonnant est le vieux anglois. On dit qu’ils s’entendent, je n’en croy rien ; ils nomment pain et vin de même, mais le reste est bien différent ; j’ay leur bible » (Scaligerana, Cologne, 1695, in-12, p. 48-49). Les derniers mots font évidemment allusion à la parenté hypothétique des langues basque et bretonne[1].

  1. On lit dans le même recueil, au mot Béarn, l’allusion ci-après à la prétendue couvade : « En Béarn, lorsque la femme est accouchée, elle va tirer la charruë, et le mari se met au lict comme la commere. Je croy que cela ne se fait plus (p. 51) » (Cf. nos Études de Linguistique et d’Ethnographie, Paris, 1878, p. 197-209).

    J’emprunte encore aux Scaligerana les deux passages ci-après :

    « Guiennenses, Vascones, Bearnenses et Baschæ, sunt Hispani ; Narbonenses et Provinciales, Itali, et sic de cæteris. Unde nemini mirum videri debet, si tam variis linguis loquantur, qui earum rudimenta a tam diversis popularibus didicerunt ; et quod mirabilius in hac re videtur, Bearnenses Baschis accolæ, ne verbum quidem eorum linguæ intelligunt » (Scaligerana, 1695, p. 181-182).

    « Langues. Il y en a quatre matrices en Europe... et six autres petites langues qui ne tiennent rien de ces grandes, le basque.... Les Basques sont Cantabres, qui est, comme je croy, le vieux langage d’Espagne, comme il appert par des papiers qui se trouvent dans les villes d’Espagne. Cantabrie tenait la Navarre de delà des Pyrénées, les Basques de deçà et une partie de la Gascogne » (Scaligerana, 1695, p. 230).