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comme les plus scélérats et en même temps les plus religieux de tous les hommes. Tant il est vrai que la religion peut seule exercer une influence salutaire et moralisatrice !

Aymeric distingue soigneusement les Basques des Navarrais qui ont, dit-il, le teint plus foncé, bien que parlant la même langue. J’appelle sur ce point l’attention des anthropologistes.

Aymeric écrit Bascle, Basclus, avec un l. Faut-il voir dans ce mot une contraction de Basculi, diminutif de Basci ? Je ne le pense point. Le nom propre des Basques est Escualdun ou euscaldun (pour escuara ou euscaradun « qui a la langue basque »). Nous retrouvons le mot original dans un poète français du moyen âge :

Mentre Girarz paraule dels Escharrans
Qui portent catre dars entre lor mans
E sunt plus acorsat que cers per plans...

(Girart de Rossillon, ms. d’Oxford, fol. 41, Mahn,

Ged., II, 86 ; ms. de Paris, éd. Hofmann, v.

1708-9 ; éd. Michel, p. 54.)

Escharrans est bien notre moderne « euscarien ». Le même poète parle d’ailleurs aussi des Navarrais et des Bascles :

Iste bataille fut a un dimarz.
Quel Navar e li Bascle lancent lor darz.

(Ms. d’Oxford, fol. 92 ; ms. de Paris, éd. Hofmann,

V. 4567-8 ; éd. Michel, p. 144 ; ms. de Londres, éd.

Michel, p. 346)[1].
  1. Sur la pièce de Peire Vidal Drogoman, etc., par Paul Meyer, Romania, t. II, 1873, p. 432.