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et les tiennent pour puantes, & leurs enfants pour auortons, maleficiez & bastards, qu’elles font mourir & qu’elles présentent au Diable, comme faicts la plus part à demy carte. Et voyant que la puanteur & cette forte odeur de la marine leur plaist, elle se iettent encore à vne plus abominable puanteur, & ayment plus baiser le Diable en forme de bouc puant, en cette partie sale de derrière où elles font leur adoration, que leurs maris en la bouche...

« D’ailleurs cette nation a vne merueilleuse inclination au sortilége ; les personnes sont légères et mouuantes de corps & d’esprit, promptes & hastées en toutes leurs actions, ayat tousiours vn pied en l’air, & comme on dit, la teste près du bonnet. Aussi hayent-ils en quelque façon, & ie ne sçay pourquoy les chapeaux, & ne prennent plaisir d’en voir en leurs Bilsars ; ils sont plus enclins à l’homicide et à la vengeance qu’au larrecin & au pardon ; ils vont volontiers la nuict comme les chahuans ; ayment les veilles et la dance aussi bien de nuict que de iour. Et non la dance reposée & graue, ains de coupée et turbulente ; celle qui plus leur tourmente et agite le corps, & la plus pénible leur semble la plus noble et la mieux séante, & dancēt avec le mesme tabourin qu’ils ont accoustume de dancer au sabbat ; tesmoin l’aueugle de Sihoro, que plusieurs nous ont dict avoir veu souuent au sabbat. Quelque chose qu’on die, ils sont fidelles ; la gloire les tient en fidélité, quand rien autre chose ne les y porteroit, car ils croient que le larrecin est vne vileté de l’âme & vne soubmission d’vn cœur abiect & nō releué qui tesmoigne seulement qu’il est nécessiteux, sans autre considération de la peine apposée par les loix à ce délict. Ie n’en vy iamais condamner en ce Parlement pour auoir