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çais et l’espagnol ne le tolèrent point et l’appuient sur une voyelle inorganique préfixée, comme dans ester, estar ; espérer, esperar ; époux, etc. D’autre part le français conserve le groupe initial pl ; l’italien le dissout en pi, l’espagnol en ll. Ex. plainte, pianto, llanto.

Peut-on raisonner ainsi : le sanscrit garde généralement le t (tenue) après s, et dans quelques racines il l’aspire ; le zend garde partout la tenue ; donc l’aspirée zende est une spirante. Si le sanscrit a sthâ exceptionnellement, il a par contre stu, stri, danshtra et semblables. Il n’y a rien à tirer de là, d’autant plus que les lois phoniques avestiques et sanscrites sont, en beaucoup de points, très différentes, et que l’avestique notamment supporte très bien deux spirées de suite, comme on vient de le voir et même des groupes tels que khdh, impossibles en sanscrit.

b) Les spirantes avestiques ne doivent point avoir horreur des nasales, puisque h médial, venant de s, en prend presque toujours une avant lui. Les spirées se trouvent d’ailleurs fréquemment après la voyelle nasalisée ā et celle-ci demande à peu près la même disposition de l’organe nasal que la consonne nasale n ou ñ. En outre le latin dit sans peine anser, mansio, insons, etc., et toutes les langues romanes l’imitent. Le germanique dit gans, pence, Hans, etc., etc.[1]. De même ces langues abondent en mots tels que infidus, confidere, conviva, anhelare, inhibere, inhumare ; umsonst, anfangen, umfang, unhängen, etc., dans lesquels des spirées suivent immédiatement une nasale. Dans pañ-

  1. Voyez aussi les mots sfidar, sfallir, sfumo, etc.