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On a de même qabda, abda, etc., et non qawda, awda. Ce n’est donc point sans motif que l’on sépare f et w du reste des spirées ou aspirées et l’on ne peut conclure de la nature des unes à celles des autres. Ce point vidé, passons à l’examen de la théorie des spirantes.

Le principal argument qu’on invoque est tiré de l’impossibilité de prononcer des mots tels que khrathhwô, vakhdhbha (c’est ainsi qu’on écrit khrathwô, vakhdhwa). Cet argument, ce semble, repose sur une confusion. Le w de khrathwô n’a rien de commun avec b ou bh ; il n’en dérive ni de près ni de loin. khrathwô, génitif de khratu est pour khratwô, w provient d’un u semi consonnant ou liquidifié. Il n’a donc jamais pu être question d’écrire ou de prononcer b ou bh[1]. La forme de la lettre avestique, que nous représentons par w, indique suffisamment qu’elle ne provient pas de b. Elle ressemble surtout à zh, et à p. Toutes les autres aspirées ou spirantes, comme dit M. Hübschmann, sont formées par le prolongement de l’explosive simple au moyen d’un trait supérieur ; w seul n’a aucun rapport

  1. Le b de zba, zbar, comme le p de çpâ, açpa, etc., est un développement de v, non de u, et ne peut être invoqué. Rien ne permet de supposer que th transforme u en aspirée ou spirée de b. Les formes vitbaêshô, âdhbitim, etc., prouvent que la dentale + b ou v ne donnent pas thw. Ces remarques s’appliquent aux mots gâthiques daibishvat, dabaêshô, daibitim, trop régulièrement formés pour être le fruit d’erreurs de copiste. Leur origine est dans le dialecte même ou dans les besoins du mètre ; non pas du mètre des Gâthâs de l’Avesta ; (cette supposition ne peut être, de bonne foi, attribuée à personne), mais d’une poésie antérieure.