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mais sur des sons, autrement on s’expose à donner à son système des bases peu sûres. Les lettres n’existent que pour les sons. Nous supposerons à kh le son du ח sémitique, du kh guttural persan ; à gh celui du g néerlandais ; à th celui du th anglais ; à dh un son amolli analogue à ce dernier. Celui de f est connu ; w sera le b espagnol approchant du v. C’est là du moins ce que nous supposons être l’idée de M. Hübschmann. Car pour nous w est plus proche du w anglais.

Le passage de l’aspiration à la pure spiration est un fait généralement admis pour les spirées de p et de b, la transcription par f et w le prouvent suffisamment. On attribue même fréquemment à th le son de son correspondant anglais. C’est aussi de ce point que part M. Hübschmann pour prouver sa thèse. Il ne comprend pas, dit-il, cette distinction établie entre les aspirées. Le motif en est cependant bien simple.

th, à une époque récente est quelquefois remplacé par ?? ; ainsi il y a une glose du Vendîdâd VI, 54, qui porte raçô pour rathô (char), et quelques-uns, peut-être à tort, reportent l’origine de cette transformation à l’époque de la rédaction de l’Avesta, attribuant, dès lors, à th un son sibilant. Bh a complètement disparu de l’alphabet avestique et s’est perdu dans le v semi vocalisé, ou bien il a perdu l’aspiration et fait retour en b. ph, enfin, suit d’autres lois que ses congénères. Car tandis que k devant t se spirifie, p reste explosive simple. Ex. aok + ta = aokhta, thaj + ta font thakhta, mais tap + ta donnent tapta ; çup + ti donnent çupti, etc.