J’ai indiqué à leur rang alphabétique les rares mois à origine bretonne,
B. — sources françaises.
L’ancien français, surtout celui du XVIe siècle, a légué au patois gallot un assez grand nombre de mots : j’ai retrouvé un millier d’entre eux employés par les anciens auteurs, depuis la chanson de Roland jusqu’au XVIIe siècle.
Parmi les très-anciens auteurs, c’est le Recueil des fabliaux qui m’a fourni la plus abondante moisson ; dans ceux que M. de Montaiglon a publiés d’après les manuscrits des bibliothèques d’Angleterre se trouvent plusieurs formes encore employées par les paysans de la Haute-Bretagne. J’ai relevé dans les œuvres de Noël du Fail, qui était, comme on sait, Breton et conseiller au Parlement de Rennes, près de deux cents mots qui sont encore d’un usage journalier dans le pays gallot ; la plupart des éditeurs du sieur de la Hérissaye, même le regretté Âssézat, dont l’édition est à d’autres points de vue excellente, n’ont pas compris plusieurs passages des œuvres facétieuses, passages qui s’expliquent facilement quand on connaît le langage des paysans de l’Ille-et-Vilaine. Rabelais, Montaigne, Ronsard, d’Aubigné, Béroalde de Verville, m’ont fourni de nombreux exemples de mots disparus aujourd’hui de la langue écrite, et qui, de leur temps, étaient employés à la fois par le peuple et par la bonne compagnie : le peuple seul les a gardés, comme certaines paysannes ont conservé, à travers les âges, les coiffures des grandes dames du moyen âge.