Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 11.djvu/94

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 84 —

tenues par les maîtres de la grammaire comparée. Mais comme notre manière de voir se rattache à l’ensemble de la théorie que nous venons d’exposer, nous demandons la permission de la faire connaître, tout en réclamant l’indulgence des lecteurs compétents. À nos yeux le suffixe am forme la base des pluriels neutres en ni et fini. Le véritable exposant du pluriel des neutres est i ; c’est bien l’opinion de M. Bopp lui-même[1]. Mais, ajoute-t-il. ces neutres intercalent une nasale immédiatement avant la désinence, lorsque le thème se termine par une voyelle, par exemple : çivà-ni de çiva c heureux », varini de vâri « eau », madhûni de madhu « miel. > Ils placent la nasale avant la dernière consonne du thème, pourvu que cette consonne ne soit elle-même ni une nasale, ni une demi-voyelle, par exemple : latnbhi de labh « obtinens », têjansi de téjas « splendor », yiinji de j/nj a junclus », etc. En revanche on disait : dhanXni de dhanin « dives. » Nous pouvons nous dispenser de parler des neutres extrêmement rares qui se terminent par deux consonnes. La nature de leur nasale dépend de la première de ces consonnes. Lorsque cette consonne est un l ou un r, la nasale peut être conservée ou omise[2].

Il résulte, selon nous, de l’ensemble de ces règles que, le neutre ne pouvant se passer de la nasale au nominatif et au vocatif pluriel, cet n ne saurait avoir un caractère purement phonique ou euphonique. Sans doute une nasale se trouve insérée aussi dans les désinences de certains cas de noms masculins (kavinâ, dhanunâ) ; mais cette

  1. Bopp, Sanskritgrammatik, § 144.
  2. Id., ibid.