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féminins, dont la désinence est l’m du singulier augmenté d’un s. Cet s est l’exposant bien connu de tous cas du pluriel, à l’exception précisément du génitif dont nous venons de parler et du locatif en -su. La vieille terminaison ms ou ns nous a été conservée dans les dialectes de la Crète et de l’Argolide, où l’on trouve encore τόνς pour τούς, etc. La forme -αις qui appartient aux Lesbiens nous ramène aussi à une forme plus ancienne -ανς. Le gothique a conservé Vm primitif sous la forme d’un n à peu près partout ; par exemple : lumans « coqs », fijands « ennemis », handuns « mains », gastins « hôtes », vulfans « loups ». Le zend n’a conservé Vn que dans les thèmes en a ; par exemple : açpà = equos dans aspâçc’a (equosqnc) ; puis dans des formes comme brâtrèus, ilâlrèiis. diujhdereùs, pour brâlranSy dâlrans, amollies d’abord en brâlr-aus, etc. Même en sanscrit se trouvent encore des passages comme açvams lalra (equos ibi). Comme cette langue ne tolère pas deux consonnes à la fin de ses mots, il arrive qu’à l’époque classique de son développement, les masculins forment souvent leur accusatif pluriel en an, un (pour ans, tins), et les féminins en «5 (pour ans, uns). Mais cette modification est d’une date relativement récente.

Nous savons déjà que le suffixe am se trouvait au datif singulier des pronoms personnels mahyam pour mabhyam et tubhyam. La longueur de Vi dans les formes latines : si-bei, ti-bei, i-bi, ubci, mih-ei pourrait bien être aussi la compensation d’un am retranché. Schleicher croit reconnaître le même suffixe dans τεῖν, dorien τίν, ἐμίν, (et ἐμῖν). Ces mots seraient pour τε-[φ]-ῖν, ἐμε-[φ]-ιν. Or, φιν = bhyam. Cette désinence bhyam augmentée d’un s nous fournit la forme primitive du datif et de l’ablatif pluriel : bhyams sera devenu