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trois genres d’une manière particulière ; et lorsque enfin il reçut la destination de marquer les neutres des thèmes en a, la langue cessa de l’affecter à d’autres noms masculins et féminins au nominatif ; mais elle ne put le détacher des anciennes formes pronominales où il s’était incrusté et où l’usage l’avait consacré pour jamais. N’oublions pas non plus que, dans le cas qui nous occupe, comme dans celui des pronoms à trois genres exprimés {sas, sa, lat ; yas, yà, yat, etc.), la forme du neutre ne fut pas la première, mais bien la dernière à naître, et qu’elle pouvait fort bien se confondre par hasard avec (les formes surannées et abandonnées désignant le masculin cl le féminin, comme dans akam, tvam, etc.

Nous espérons donc que personne ne viendra contester l’identité du suffixe am des nominatifs et datifs des pronoms personnels avec celui qui se trouve au nominatif et à l’accusatif des thèmes neutres en am, enfin avec celui de l’accusatif de tous les masculins et féminins en sanscrit. Tout le monde reconnaîtra pareillement que le suffixe am a servi à former Je génitif pluriel de la première et de la deuxième personne : asmâkam et y ishmâkam. Car ces génitifs ne sont autre chose que les neutres des adjectifs asmâka et yushmâka répondant aux pronoms possessifs nés du génitif singulier de tvam et aïiam, à savoir : mâmaka et tâvaka. C’est ainsi que dans la langue latine les nostrum et vestrum ont toujours été considérés comme de véritables pronoms possessifs. Mais si asmâkam et yushmâkam sont d’anciens neutres formés à l’aide du suffixe am, peut-on ne pas reconnaître ce suffixe dans la formation du génitif pluriel des autres noms et pronoms ? Le génitif pluriel des yas, kas, anyas, sa, etc., n’est pas