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s’étendit des pronoms à tous les noms, substantifs et adjectifs. La conformité qui semble exister entre le son de l’m et la notion d’un mouvement ou plutôt d’une activité subie que renferme l’accusatif doit avoir dirigé l’instinct de la langue dans ce pas nouveau qu’elle faisait vers une déclinaison régulière. En s’ajoutant aux thèmes en a, i, u (masculins et féminins), le suffixe perdait le plus souvent son a et se réduisait à la simple consonne[1]. Enfin, comme le neutre était envisagé par la langue comme le genre affecté aux existences inanimées, essentiellement passives et inertes, comme une espèce d’accusatif perpétuel, l’exposant m de l’accusatif devint dans les thèmes des adjectifs en a l’exposant régulier du neutre au nominatif même. Nous savons déjà que ces thèmes prennent un s au nominatif du masculin et qu’ils allongent leur a au féminin. C’est ainsi que naquit la déclinaison des adjectifs proprement dits[2]. Quant aux neutres qui se terminent par une consonne ou par une autre voyelle que a, nous avons déjà vu plus haut qu’ils sont indéclinables au nominatif et à l’accusatif.

On pourrait être surpris d’un résultat qui tend à placer sur la même ligne l’m des neutres et l’am des aham, tvam, vayam, etc. Mais il ne faut pas perdre de vue que les langues indo-européennes n’ont jamais distingué le genre dans les deux premières personnes, que par conséquent le suffixe am ne désignait à l’origine aucun des

  1. Voir cependant les paradigmes bhî et bhû.
  2. Voir, dans la Grammaire de Bopp, le paradigme çivas, çivâ, çivam, heureux. En sanscrit, la voyelle a se maintient dans les trois genres. Il n’en est pas de même dans le grec -ος -η -ον et dans le latin -us, -a, -um.