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et nominales qui les avoisinaient. Il était de rigueur au nominatif, — c’est là qu’il nous frappe, nous autres linguistes modernes, et qu’il a lieu de nous étonner particulièrement — (ah-am, tu-am, va-yam, yuy-am, ay-am, iy-am, id-am, svay-am) ; il nous semble surtout étrange, agglutiné aux désinences du datif singulier (mahy-am, tubhy-am) ; mais il ne nous choque pas dans bon nombre d’autres cas de la déclinaison nominale et pronominale (où on le rencontre souvent sous des formes peu déguisées), uniquement parce que nous sommes habitués à l’y trouver dans des idiomes qui nous sont familiers, le grec, le latin, etc. Au moment où la langue commençait à employer ce suffixe, elle ne se rendait nullement compte d’une distinction à établir entre les cas et les nombres. Mais, après l’avoir employé avec succès au nominatif, pour indiquer la fixité, l’immobilité de l’objet ainsi désigné, elle sentit que ce suffixe convenait plus particulièrement à l’accusatif, cas de l’inertie et de la situation passive. Cette double fixité, le génie de la langue a voulu la rendre visible à l’accusatif singulier des pronoms de la première et de la seconde personne, dont les formes complètes sont mâm (ma + am), et tvâm (tva + am). L’allongement de l’a est la seule différence qui subsiste dans le pronom de la seconde personne entre le nominatif et l’accusatif[1].

Puis l’habitude d’employer notre suffixe à l’accusatif (au singulier aussi bien qu’au pluriel ; voir plus bas)

  1. La langue, encore incapable de généraliser, avait employé deux racines différentes pour désigner le « moi » sujet (ah) et le « moi » régime (ma). La philologie matérialiste s’est trompée en affirmant que le nominatif ah-am avait perdu un m par l’aphérèse.