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nas et vas. Dès lors, il faut chercher ailleurs les raisons qui ont déterminé la langue à fortifier par tous les moyens et surtout par l’adjonction du suffixe am les formes primitives (les pronoms personnels.

§ 3. — Différents emplois du suffixe am.

Comme un très-grand nombre de formes pronominales furent absorbées par les besoins naissants de la flexion que l’on se rappelle ê-mi, ê-shi, ê-ti ; imas, etc.) ; que d’autres, serrées de près par les mots pleins de la phrase, descendirent de bonne heure au rang de simples enclitiques, comme vas, nas, mê, tê, etc., la langue, pour les protéger contre les empiétements des mots voisins, donna plus d’étendue aux pronoms personnels, c’est-à-dire que chaque fois qu’il s’agissait de les relever et de les faire ressortir, elle s’efforça d’atteindre ce but en ajoutant le plus souvent à ces pronoms monosyllabiques le suffixe am. Ce suffixe paraît avoir été destiné, en effet, à appeler sur eux l’attention de l’interlocuteur, et les signaler, par la notion démonstrative qu’il renfermait, comme les seuls points fixes et pour ainsi dire immuables du discours. Les premiers Aryâs ont dû être frappés de l’extrême mobilité des formes flexives qui caractérisait les racines verbales ; peut-être les noms appellatifs eux-mêmes ne leur apparaissaient-ils que comme une modification particulière de ces mêmes racines. Les jeunes générations étaient obligées, comme nous l’avons dit ailleurs, de placer le substantif et l’adjectif sous la catégorie de l’activité et du mouvement. Elles choisissaient