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portez à moi aussi à moi des nouvelles » ; ou bien : εμμενι (pour επ -με-νι)εδε μυα ϰετε ἐξουσι « donnez-moi aussi à moi cette puissance[1] ». Dans le grec ancien et en sanscrit, on n’est pas allé jusqu’à incorporer les pronoms dans l’intérieur du verbe ; mais le premier faisait dans les cas obliques une différence entre ἐμοῦ et μου, ἐμοί et μοί, même entre ἡμῖν et ἡμίν, etc. Le second possède pareillement ces formes plus courtes et plus commodes des pronoms personnels ; il aime à les insérer dans les interstices de la phrase, en leur retirant l’accent. Ce sont mâ, mê, pour mâm, mahyam, mama ; naû pour âvâm, âvâbhyâm, avayôs ; nas pour asmân, asmabhyam, asmâkam ; tvâ et pour tvâm, tuhhyam, tava ; vâm pour yuvâm, yuvâbhyâm, yuvayôs ; vas pour yushmân, yushmabhyam, yushmâkam.

En comparant la série des pronoms emphatiques à celle des pronoms enclitiques, on arrive bien vite à la conclusion qu’en aucun cas la seconde ne saurait être antérieure à la première. Mâ, mê, tvâ, tê, sont évidemment abrégés de mahyam, tubhyam, etc. ; naû et nas, vâm et vas paraissent être aussi d’une origine plus récente que les formes plus étendues et plus énergiques qu’ils remplacent. Au moins croyons-nous reconnaître déjà dans s final de vas et nas, comme dans l’u de nau, l’influence de la déclinaison des noms beaucoup plus régulière que celle des pronoms et notamment que celle des pronoms personnels. En aucun cas, on ne saurait considérer les asmâkam, yushmâkam, etc., comme des formes ultérieurement développées des petites enclitiques

  1. Franz Bopp, Ueber das Albanesische, p. 24.