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ἡμεῖς γε, sa gha par ὅγε. Lassen n’a pas manqué de rappeler qu’il existait encore dans un dialecte plus récent des Indous une forme pronominale tu-ham, dont la seconde partie est identique à la seconde partie du pronom de la première personne, aham. D’après M. Benfey, l’h de tuham aurait été éliminé tout d’abord ; les Védas auraient conservé l’hiatus (tu-am) que le sanscrit aurait supprimé par la contraction des deux syllabes en am.

Nous pensons, pour notre part, que les deux formes tuham et tvam sont entièrement distinctes ; que twam est composé simplement de tu + am, tandis que tuham nous paraît réellement une forme affaiblie de tu-gham, comme aham de agham. En effet, à l’exception du seul aham, l’enclitique gha ne s’est fondue nulle part avec le mot sur lequel elle vient s’appuyer. Nous reconnaissons trois éléments constitutifs dans le pronom aham, et autant dans celui de tuham ; la racine pronominale a, à laquelle s’est agglutinée la particule gha. Si l’on y avait ajouté une troisième particule am, le second a de tuham et aham se serait nécessairement allongé. Mais on aura simplement enlevé par l’apocope l’a de l’enclitique, en sorte que la seconde syllabe de tuham et d’aham resta brève. Cette ancienne particule gha ou ha a servi ensuite à former les accusatifs des trois pronoms personnels de la langue gothique où le genre n’est pas exprimé : mi-k, moi ; thu-k, toi ; si-k, soi. Il faut y ajouter pour l’ancien haut allemand les pluriels unsi-h, ἡμᾶς, iwi-h, ὑμᾶς. Dans le grec ἔγωγε la particule gha se trouve par conséquent deux fois exprimée. En sanscrit, ἔγωγε ferait ahamgha ou, avec une forme plus archaïque, agham gha.

Il faut donc voir dans am un suffixe indépendant et