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LUTHER LITTRÉ



Graff, Pertz, Förstemann, trompés par l’orthographe incertaine et changeante des manuscrits ou faute de principes de filiation étymologiques assurés, jettent ensemble les noms de Hluthar, Chlothar, Hlothar, Holothar, Lothar, Luthar, Liuthar, Luotar, Lotter, etc. L’erreur tire à conséquence.

Il est vrai que l’idée que tous ces noms peuvent venir du primitif Hluthari ou Hlutheri est plausible et vous vient tout d’abord. En effet, Hluthari, composé ancien haut-allemand, dont le premier membre, hlût, veut dire « sonore », laut en allemand, et le dernier, hari ou heri « armée », aujourd’hui heer, mais qui se trouve aussi interprété par « combattant » ou « guerrier », ainsi qu’on le voit par la glose multitudo militum, expliquant le manaki heri d’un codex du VIIIe siècle, dans le premier volume des Diutiska, de Graff ; je dis, Hluthari signifie « bruyant guerrier », et cette appellation convient on ne peut mieux à des individus qui allaient au combat en chantant : Ituri in prælia canunt, dit Tacite (De Mor. Ger., II), et jetaient des cris pour s’animer au milieu même de la mêlée : virtutis concentus (id., III). De plus, comme le ch frank répond au h ancien haut-allemand,