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plusieurs pays. Avec nombre d’autres proverbes relatifs aux mages[1], notre épigraphe prouve, dans tous les cas, ce que nous tenions à constater dès l’abord, que les personnages qui forment le sujet de cette étude sont toujours vivants et bien vivants. Que le peuple en ait fait en outre, par surcroît, de bons vivants, cela achève de démontrer la grande popularité de leur fête, d’une fête qui trouve son expression la plus haute dans le cri : Le roi boit ! Voyez à ce sujet le tableau de Jordaens qui, lui aussi, fait partie de la magnifique galerie du Louvre.

Ainsi, l’histoire des rois mages vaudrait déjà pour elle-même la peine d’être étudiée, si elle n’en était digne surtout par un autre motif, motif supérieur, il n’y a pas le moindre doute, puisqu’il intéresse l’humanité entière. En effet, cette histoire symbolise, comme nous aurons occasion de l’expliquer, une des trois grandes phases de l’évolution morale que subit l’humanité pour accomplir une destinée qu’elle s’est elle-même imposée à l’origine de son existence, et dont le mythe de la femme et du serpent, déjà traité par nous, indique, avec la légende du Juif-Errant, le sens et la portée.

Pour le moment, il s’agit d’autre chose. Il nous faut d’abord étudier l’histoire des mages sur le fond des récits

  1. Voir l’excellent ouvrage de Wander, Deutsches Sprichivörter-Lexikon, II, col. 1484. On compte une douzaine de ces proverbes. Des personnes prudes font à ce grand recueil le reproche d’être trop complet, d’être schmutzig, sale, ordurier par endroits, mais c’est là faire preuve d’hypocrisie ou de sottise. Les sciences historiques ne sont pas justiciables du cant, et ceux qui font leur lecture favorite de la Bible devraient le savoir.