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naturelle de ce caractère surhumain dont les Orientaux se sont toujours plu à revêtir la personne du souverain. C’était en vertu de ce principe que, chez les Perses, le prince, tout absolu qu’il était, n’avait point le droit de revenir sur un commandement une fois donné, ni de réparer une erreur commise, ses ordres devant participer à l’immuabilité de ceux du destin[1]. Voilà encore pourquoi, malgré la rigueur de leur monothéisme, les Turcs ne craignent point de qualifier le sultan d’ombre d’Allah.

Le nombre 7 assigné à ces enceintes, l’accord de ces couleurs avec celles qu’indiquent le Heft Peïker et avec les teintes des métaux en honneur chez les initiés mithriaques, prouvent assez que chaque créneau répondait à une planète spéciale. C’est chose trop prouvée, ce semble, pour que nous n’ayons pas à y revenir. L’on doit admettre seulement une légère erreur ou plutôt une simple interversion de couleurs dans le récit du père de l’histoire. Il fait une confusion entre le blanc et le noir des deux premiers créneaux par lui cités. La teinte noire devait caractériser le plus extérieur et le blanc s’appliquer au second, puisque le noir figurait Saturne et le jour du samedi, tandis que le blanc était le symbole d’Ishtar et du vendredi. En outre, le rouge devait appartenir, non au troisième créneau, mais bien au cinquième, puisque cette teinte indique la planète Mars. Nous devons substituer à cette teinte, pour la troisième enceinte, l’orangé, qui constitue la livrée propre de la planète Jupiter. Ce qui rend, du reste, très-excusables ces erreurs de la part de l’écrivain d’Halicarnasse, c’est qu’il n’avait pu juger des choses

  1. Daniel, chap. vi.