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Ensuite vient le palais de Mars, qui est écarlate ; puis celui du Soleil, reconnaissable à sa couleur d’or. La demeure de Vénus était blanche ; celle de Mercure, bleue ; celle enfin de la Lune, verte[1].

Et il ne faut pas croire que ces idées soient spéciales à l’Orient moderne. Les récits d’Hérodote suffisent à établir l’antiquité à laquelle elles remontent. L’historien grec nous rapporte que Dejocès, devenu roi des Mèdes, ce peuple, dont la civilisation avait fait tant d’emprunts à celle de l’Assyrie[2], se fit construire un superbe palais.

Sept enceintes concentriques protégeaient la demeure royale, la première ayant des créneaux blancs, la seconde des créneaux noirs. Ceux des cinq dernières enceintes étaient, à partir de la plus éloignée du point central, peints en rouge, en bleu, en orangé (σανδραράκινοι), en couleur d’argent et en couleur d’or[3].

Il semblait que la demeure royale, entourée d’un mur aux créneaux dorés, image du soleil, fût en quelque sorte assimilée à l’empyrée, à cette région des déités supérieures qui, suivant la doctrine chaldéenne, n’avaient aucune communication avec les hommes[4]. Dans cette dernière enceinte vivait le monarque, à peu près inaccessible aux regards de ses sujets et manifestant, ainsi que les dieux, son existence, non pas par sa présence, mais par l’exercice de sa suprême autorité. C’était une conséquence toute

  1. M. H.-C. Rawlinson, Memoir of the site of the Atropaterian Ecbatana, vol. X, p. 127 de la revue The journal of the royal geographical Society of London.
  2. Montesquieu, Esprit des lois, liv. XXI, chap. vi.
  3. Hérodote, Historiarum, liv. I, chap. xcxviii.
  4. Daniel, chap. ii, verset 2.