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logiquement amené à croire que les inscriptions cunéiformes de la Babylonie, rédigées peut-être dans un idiome différent de la langue usuelle, laquelle pourrait bien avoir été l’araméen[1], ont été inspirées par les données de la science kabbalistique, tandis que les régies astrologiques, dont les auteurs de l’antiquité font mention, seraient simplement celles de la religion populaire ? Ainsi les monuments babyloniens nous donnent comme patron de l’Orient le dieu Nébo ou Mercure, auquel le bleu se trouvait affecté, et cependant la livrée de l’Orient était incontestablement le jaune[2]. Sous le rapport de la symbolique des couleurs, le désaccord serait donc aussi flagrant que possible entre la symbolique du peuple et celle des savants. De même, nos Kabbalistes du moyen âge assignaient aux divers points de l’horizon des teintes tout autres que celles dont nous les voyons revêtus dans les premiers livres de la Bible et chez les races de l’Asie occidentale.

Mais, pour en revenir à cette symbolique des couleurs appliquées aux planètes, elle nous est exposée tout au long dans un ouvrage persan qui, malheureusement, n’a pas encore été traduit, le Heft Peïker ou les « Sept demeures », du poète Nizami. L’auteur oriental nous décrit en ces termes les sept châteaux ou palais élevés par Bahramguir en l’honneur des planètes. Le premier, celui de Saturne, était noir ; le second, consacré à Jupiter, était peint en orangé ou couleur de bois de sandal (sandali).

  1. Les titres des ouvrages écrits sur brique et retrouvés dans les bibliothèques d’Assurbanipal sont rédigés en araméen.
  2. De quelques idées symboliques se rattachant au nom des deux fils de Jacob, p. 262 du tome III des Actes de la Société philologique.