Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 11.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 142 —

d’étain, la troisième de cuivre, la quatrième de fer, la cinquième d’airain mêlé à d’autres métaux, la sixième d’argent, la septième d’or. Ils attribuent la première à Saturne, parce que le plomb marque la lenteur de cet astre dans sa marche ; la seconde à Vénus, à cause de l’éclat de l’étain et de sa mollesse ; la suivante à Jupiter, en raison de la solidité du cuivre ; la quatrième à Mercure, car le fer se prête à tous les travaux, et est utile pour le négoce. Le métal mêlé est assigné à Mars, l’argent à la lune, et l’or au soleil ».

Ce passage du savant docteur nous semble de nature à donner matière à plusieurs observations. D’abord, nous voyons les planètes rangées dans l’ordre aujourd’hui encore suivi pour les jours de la semaine. Il est plus que vraisemblable que l’idée de consacrer chaque métal à une déité planétaire spéciale a sa source dans l’usage où étaient les Orientaux de marquer symboliquement chacun des corps composant notre système solaire par une nuance particulière. Le métal aura été mis sous la protection de l’astre dont il portait la couleur et, pour ainsi dire, la livrée. C’est un point, du reste, sur lequel nous aurons à revenir tout à l’heure. En outre, le terme κλίμαξ, comme on l’a déjà fait remarquer[1], bien que traduit d’ordinaire par « échelle », paraît bien plutôt s’appliquer ici à des enceintes concentriques disposées par échelons, ce qui nous rappellerait tout à fait les murailles d’Ecbatane, dont chacune dépassait la précédente

  1. M. Michel Bréal, Fragments de critique zend, de la géographie de l’Avesta, p. 12 et 13. (Extrait du no 6 de l’année 1862 du Journal asiatique.)