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différents, ne tardèrent point à être affectés à chaque planète. Nous débuterons ici par l’étude de la symbolique des métaux chez les Chaldéens, parce qu’elle nous fournira d’utiles renseignements en ce qui concerne celle des couleurs spéciales. Sur ce point, il se produit un phénomène analogue à celui que nous avons déjà signalé en ce qui concerne l’ordre de classement des planètes. Les indications données par les monuments assyriens ne concordent pas avec celles que nous ont transmises les écrivains de l’antiquité ou même du moyen âge. Ce n’est pas une raison, sans doute, pour suspecter l’exactitude du témoignage de ces derniers.

Nous nous trouvons vraisemblablement en présence de systèmes de symbolisme différents, ayant pu se succéder les uns aux autres, ou même coexister ensemble pendant une série de siècles plus ou moins longue. Quoi qu’il en soit, les inscriptions cunéiformes attribuent l’étain à Anu, lequel n’est point cependant une déité planétaire, mais représente, on l’a déjà dit, le ciel des étoiles fixes[1]. Bin, déité des phénomènes atmosphériques, a le plomb sous sa protection. L’or, le plus noble des métaux, se trouve naturellement consacré à Sin, le dieu Lune et la principale des déités planétaires. L’argent, le second des métaux précieux, appartient à Shamash, génie du soleil, parce qu’il occupe le deuxième rang dans la série des satellites de la terre. Ce fait semblerait bien prouver que, dès cette époque, où le comput solaire n’avait point encore à Babylone remplacé le comput par la lune, il existait déjà un mode de groupement ana-

  1. M. Fr. Lenormant, Essai sur Bérose, frag. i, p. 96.