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procédés au moyen desquels on évaluait la distance respective des astres par rapport à notre terre, il est bien certain que les Chaldéens avaient dû reconnaître que nul corps céleste n’est plus voisin de nous que la lune.

Or, d’après leur façon de voir, un astre avait d’autant plus d’influence sur les destinées humaines, qu’une moindre distance le sépare de la terre. Il en était tout autrement lorsqu’il s’agissait d’horoscopes ou de présages à tirer. Les planètes les plus lointaines passaient pour fournir les indications les plus sûres. De là, sans doute, l’épithète de véridique donnée à Adar-Samdan, le dieu de la planète Saturne. Ajoutons, par parenthèse, que cette différence d’attribution pourrait bien nous révéler l’origine du double comput dont nous avons déjà parlé, et qui débutait tantôt par la Lune, tantôt par Saturne.

En outre, tant que les Babyloniens conservèrent le calendrier lunaire, l’astre des nuits fut chez eux, comme chez presque toutes les races primitives et chez la plupart des peuples de l’Orient moderne, le grand régulateur des computs et de la chronologie. Le soleil ne servait qu’à compter les jours. En vain, cet astre est-il le père de la vie, le roi de notre système planétaire. Aux yeux de peuples aussi entêtés des rêveries astrologiques, aussi adonnés à l’étude du ciel que l’étaient les Babyloniens, tous ces titres à l’adoration des humains ne pouvaient suffire à lui faire attribuer la primauté.

Plus tard, les progrès de la science ayant amené l’adoption du calendrier solaire ou plutôt luni-solaire, l’astre des jours se trouva, comme on le verra par la suite, réintégré dans ses droits à la primauté. Effectivement, Ninivites, initiés aux mystères de Mithra, Hébreux,