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depuis la vallée du Nil jusqu’aux rives de l’Indus, auxquels même, suivant quelques auteurs, l’humanité aurait dû sa plus ancienne culture, constitueraient pour ainsi dire les Pélages du monde oriental. Il est sans cesse question d’eux dans les traditions des premiers âges, mais on ne saurait dire ce qu’ils étaient en réalité.

Nous sera-t-il permis d’émettre ici une simple hypothèse ? Sans aller chercher si loin l’origine des données gynécocratiques que nous venons de signaler, pourquoi n’y pas voir simplement le résultat de certaines données d’école ? Le dualisme, qui constitue en définitive, d’une façon plus ou moins clairement exprimée, le fond de tous les polythéismes, devait naturellement amener certaines divergences dans la façon dont les divers colléges de prêtres ou de savants comprenaient la religion, les uns accordant la suprématie au principe masculin, les autres au principe féminin ?

Si notre conjecture est fondée, nous devrons trouver des raisons astronomiques à cette primauté que l’on accorda tour à tour, soit à l’astre des nuits, soit à l’astre des jours. On sait effectivement le rôle prépondérant que jouèrent les données astrolâtriques dans le développement de la mythologie chaldéenne, considérée, mais d’une façon trop exclusive, par certains auteurs, comme un pur sabéisme. Les tendances gynécocratiques de certaines écoles, les données toutes contraires de certaines autres, ne dériveraient donc point alors d’une source théologique, mais de l’observation des corps célestes et des différents modes de comput du temps, successivement en vigueur. Or, c’est bien ce qui paraît avoir eu lieu, en effet. Quelque imparfaits que pussent être à Babylone les