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nous occupe, comme le plus ancien centre de la civilisation sémitique, les tendances gynécocratiques s’accusent par la prééminence attribuée à la lune, emblème naturel de l’élément féminin. Un spectacle différent nous est offert par les Mèdes, les Ninivites, les Hébreux et, jusqu’à un certain point, les Phéniciens, lesquels, nous le verrons tout à l’heure, reconnaissaient la suprématie du principe mâle symbolisé par le soleil.

Maintenant, remarquons que, bien qu’ils parlassent tous les deux un idiome sémitique, les Babyloniens, pas plus que les Phéniciens, ne se trouvent indiqués par la Bible au nombre des descendants de Sem. Chanaan nous est donné comme le fils de Cham, dont Nemrod lui-même descend par Chus[1]. Aussi admet-on aujourd’hui l’existence d’une couche primitive de populations couschites dans l’Asie occidentale, mais différente des Chamites proprement dits, et à laquelle les Sémites auraient dû une partie des éléments de leur civilisation. Nous pourrons reconnaître dans cette gynécocratie religieuse de Babylone une trace de l’influence couschite. Au contraire, les Hébreux, Ninivites, Mèdes, qui reconnaissaient la prépondérance de l’élément masculin, seraient restés les fidèles représentants de l’esprit sémite primitif.

Quoi qu’il en soit, nous ferons observer que rien n’est plus obscur que l’ethnographie couschite. Les peuples qui se rattachent à cette souche parlaient tous, du moins à l’époque historique, des dialectes incontestablement sémitiques. Leur type paraît également sémitique, et ces hommes qui auraient, dit-on, exercé leur domination

  1. Genèse, cap. x, versets 6 et 8.