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par la langue[1], et sans doute aussi par le sang, devaient évidemment, avant l’époque de leur dispersion, posséder en commun un certain nombre d’idées religieuses.

Ajoutons qu’Osiris, la principale divinité du panthéon égyptien, revêt parfois aussi un caractère gynécocratique. Sans doute, il figure le principe générateur, par opposition à Isis, emblème de la nature féconde. Voilà pourquoi, d’après la doctrine des basses époques, il personnifie le Nil, tandis que sa compagne est donnée comme symbole de la terre d’Égypte[2]. Quoi qu’il en soit, Osiris, identifié à la fois à la lune mâle et au soleil, est avant tout l’image du soleil nocturne, du soleil mort[3], lequel se rapproche naturellement beaucoup de l’astre des nuits. Or la lune, dans toutes les mythologies, personnifie le principe féminin.

Ne nous étonnons pas de voir un dieu mâle pris comme symbole de l’énergie féminine. Cette donnée se retrouve chez beaucoup d’autres nations païennes. Ainsi, dans l’Inde, la secte des Wischnouvites admet d’une façon plus ou moins explicite le principe gynécocratique, quoiqu’elle adore spécialement une déité du sexe masculin, considérée comme éminemment bienveillante. Au contraire, les Siwaïtes sont par excellence partisans de la suprématie du principe mâle, figuré par Siwa, le dieu terrible. Cela ressort clairement de la légende dans

  1. M. l’abbé Ancessi, L’s causatif et le thème n dans les langues de Seth et de Cham, n° 3 du troisième volume des Actes de la Société philologique, et deux autres articles de cet auteur dans le volume quatrième du même recueil.
  2. Plutarque, De Iside et Osiride.
  3. M. Lefébure, Le mythe Osirien (Osiris), chap.  I et II, Paris, 1875.