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soutenir en ces régions, les uns contre les autres, Indoeuropéens et fils de Sem. Rien d’étonnant, par suite, à ce que la religion phrygienne offrît un cachet éminemment sémitique.

Enfin, non seulement Hésiode fait, comme nous l’avons vu plus haut, du chaos le premier auteur de toutes choses, mais encore il attribue en maintes circonstances (le fait a déjà été suffisamment constaté) la suprématie au sexe féminin[1]. Or, l’on sait le caractère sémitique de la cosmogonie d’Hésiode, laquelle diffère si sensiblement du pur hellénisme des légendes homériques.

Ainsi, sur beaucoup de points, les religions primitives de la race de Sem manifestent une tendance gynécocratique des plus accentuées. Toutefois, dans leur ensemble, elles nous paraîtraient présenter surtout un caractère de dualisme, tous les dieux étant des personnifications de Baal, et les déesses autant de formes spéciales de la grande déesse Astarté ou Ishtar[2]. Cela nous expliquerait pourquoi chacun des deux principes mâle et femelle apparaissent tour à tour supérieurs ou subordonnés l’un à l’autre.

Maintenant, si nous abordons l’étude de la religion des anciens Égyptiens, le seul peuple de race chamitique sur les croyances duquel nous possédions des renseignements remontant à la plus haute antiquité, l’on y découvrira certaines traces de gynécocratie religieuse ; mais elles ne seront pas, à coup sûr, plus nombreuses ni plus importantes qu’au sein des religions sémitiques. Les divi-

  1. M. Émile Burnouf, La légende athénienne, chap. II, p. 78, Paris, 1872.
  2. Actes de la Société philologique, p. 240, t. VI, Paris, 1877.