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Néanmoins, dès le second verset de son récit, l’auteur sacré nous fait apparaître la terre à l’état de confusion et de chaos, terra autem erat inanis et vacua[1]. Ce n’est qu’après que l’esprit de Dieu eut souillé à sa surface que les choses commencent à prendre forme, que l’on voit apparaître la lumière, les astres, les êtres animés, etc.

Maintenant, reste à se demander quel motif détermina les Chaldéens à adopter le double système de comput astrologique ? Pourquoi l’un suivait-il l’ordre direct des moindres distances relatives de chaque corps céleste à la terre, tandis que dans l’autre on adoptait la méthode opposée ? Sans doute, la pénurie de documents contemporains rend la réponse à ces questions assez malaisées. Voici néanmoins celle que nous serions tenté de donner. Si les Babyloniens croyaient que l’influence des astres sur les destinées humaines se manifeste en raison inverse de la distance de chacun d’eux à notre terre, en revanche, par une bizarrerie assez remarquable, ils semblent avoir admis également que plus une planète se trouvait éloignée de nous, plus les horoscopes que l’on en pouvait tirer offraient de certitude. En effet, son éloignement de la terre la rapprochait du séjour des grands dieux. De là, sans aucun doute, l’épithète de « véridique » ou celle plus extraordinaire encore de « véritable », parfois donnée dans les monuments de la Chaldée à la planète Saturne[2]. Le vrai, à leurs yeux, passait évidemment pour une chose si rare, si exceptionnelle, qu’il fallait aller le chercher bien loin, dans les plus extrêmes profondeurs du firmament. Quoi qu’il en soit,

  1. Genèse, chap. I, verset 2.
  2. Fr. Lenormant, Commentaire sur Bérose, frag. I, p. 124.