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première ligne. Peut-être même cet usage de faire débuter la période hebdomadaire par le jour de Saturne était-il, originairement, commun à la race sémitique tout entière. Du moins, la ressemblance entre le mot de sabbat (en assyrien sabatu), qui désigne le samedi, et la racine schab « être de retour, se renouveler », a-t-elle déjà été signalée[1]. Ce serait là un argument sérieux à invoquer en faveur de la haute antiquité du symbolisme planétaire chez les Sémites.

Quoi qu’il en soit, les Hébreux, qui ne voyaient pas dans la matière un principe coéternel avec l’Être suprême, mais seulement l’œuvre des mains de Dieu, débutèrent naturellement par le dimanche, le jour du Soleil. Or, cet astre se trouvait assez logiquement pris comme emblème du Tout-Puissant, de « l’ancien des jours », ainsi que s’expriment nos livres sacrés. Quoi qu’il en soit, il paraîtrait, comme nous le verrons plus loin, que les Phéniciens et peut-être d’autres populations sémitiques encore, fort étrangères au monothéisme, avaient cependant, elles aussi, coutume d’ouvrir leur période de sept jours par celui du Soleil.

En tout cas, nous retrouvons dans la Bible quelque chose qui ressemble fort à une vague réminiscence de la vieille donnée cosmogonique de la Babylonie. Sans doute, si les Chaldéens ne voient dans le dieu suprême que l’organisateur, non le créateur de la matière, Moïse a des notions plus exactes touchant l’origine des choses, et regarde Jéhovah comme tirant du néant le ciel et la terre.

  1. De quelques idées symboliques se rattachant au nom des douze fils de Jacob, p. 243 du troisième volume des Actes de la Société philologique.