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d’être signalée, et qui tient peut-être à certaines données symboliques communes aux deux races sémite et chamite, à l’époque reculée qui précéda leur séparation, le fer était consacré à la fois, ainsi qu’il sera dit plus loin, à Set et à Adar. On a cru reconnaître dans ce fait une des raisons pour lesquelles le fer était peu usité en Égypte. On le regardait comme un métal néfaste. Les sujets des pharaons appelaient le fer « os de Typhon », et sa rouille passait pour le sang de ce génie néfaste[1]. Les Grecs, en assimilant Adar, tantôt à leur Kronos, tantôt à leur Héraclès[2], prouvent qu’ils se rendaient un compte assez exact du caractère à lui attribué.

D’un autre côté, la mythologie sémitique primitive faisait du chaos et des ténèbres primordiales, souvent assimilées à l’abîme de l’Océan, le père de toutes choses[3]. Que l’on se rappelle les vers d’Hésiode, dont toute la mythologie est restée imprégnée d’éléments sémitiques[4] :

Ἐϰ χάεως δ’Ερεϐός τε μέλαινά τε νὺξ ἐγένοντο.
Νυϰτὸς δ’αὐτ Ἀιθὴρ τε ϰαὶ Ἡμέρη ἐξεγένοντο.

De là, les Chaldéens furent induits à considérer Adar comme le plus ancien des dieux. Lorsqu’ils eurent affecté la planète Saturne à Adar, on accorda naturellement à cet astre la priorité sur tous les autres. Le samedi, qui lui était consacré, devint, pour ainsi dire, le père des autres jours de la semaine et se trouva cité en

  1. Plutarque, De Iside et Osiride.
  2. M. Fr. Lenormant, Essai sur Bérose, frag., i, p. 109 et 110.
  3. Les animaux de la vision d’Ézéchiel et la symbolique chaldéenne, p. 18 et suiv. (Extrait du vol. de 1875 des Mémoires de l’Académie de Caen.)
  4. Hésiode, Cosmogonie, chant Ier.