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L’ŒUVRE LINGUISTIQUE DE CHAVÉE.



Notre science a perdu l’an dernier un des hommes qui ont le plus contribué à sa fondation et à son développement ; la Revue de linguistique a perdu son fondateur et le directeur de ses premières années d’existence.

Nous voulons reproduire ici une autobiographie trouvée dans les papiers de Chavée et qui a été publiée en tête de son ouvrage posthume : Idéologie lexiologique des langues indo-européennes.


Chavée (Honoré-Joseph), né à Namur le 3 juin 1815.

À l’âge de six ans, le jeune Chavée venait de perdre son père, qui, de très-bonne heure, lui avait appris à lire, lorsqu’il fut victime d’un accident dont les suites exercèrent une influence trop considérable sur ses études pour que nous ne le relations pas ici. Une fracture de la jambe droite, renouvelée deux fois dans l’espace de trois ans, retint l’enfant captif dans sa chambre jusqu’à la fin de sa dixième année. C’est là que, loin du contact et des jeux des petits garçons de son âge, Chavée, enfant, se faisait à lui-même ses premiers cours d’histoire romaine, naturelle et religieuse, à l’aide de trois livres qu’il lisait et relisait sans cesse : une ancienne traduction des Annales de Tacite ; une traduction (grand in-fol.) des Commentaires sur Dioscoride, de Mattioli, avec une foule d’images ; une Bible de Royaumont, également illustrée à chaque page.

Si la lecture habituelle de l’Ancien et du Nouveau Testament ne fut pas étrangère à la détermination qui conduisit Chavée au séminaire et