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voyelle ; c’est pour cela que les naturels intercalent toujours des voyelles dans les mots étrangers quand ils essaient de les prononcer.

10° Il faut avoir soin en parlant de bien faire ressortir les syllabes longues, brèves et gutturales, afin d’être bien compris des Futuniens, car il y a des mots qui sont écrits de la même manière, et dont la signification propre ne se connaît que par la prononciation. Ainsi mātaga, voir une curiosité ; mătăga, décollé, désuni, Mālo, vainqueur ; malō, sec, sèche. Fau, hibiscus ; faù, lier. Lau, feuille ; laù, semence d’ignames. Kākā, trompeur, hâbleur ; kăkă, tissu de cocotier. Oa, pourquoi ; ὀa, les deux planches les plus élevées de chaque côté d’une pirogue. Pōpō, attraper, saisir ; pŏpŏ, gâté, usé. Sāìa, frapper, battre ; săiă avoir le dessous. Mānogi, folâtrer, s’amuser ; mănogi, odoriférant. Păki, palette de danse ; pāki, imprimé. Pĭpi, nom d’un arbre, d’un coquillage ; pipī, bouillir.

11° La langue polynésienne est un assemblage d’un assez petit nombre de mots radicaux qui, pour rendre les idées dans la conversation, se combinent avec certaines particules qui déterminent le vrai sens des mots, et font du même mot tantôt un verbe, tantôt un adjectif, tantôt un nom… Malgré cela, on peut dans l’analyse des phrases y reconnaître les différentes espèces de mots qu’on rencontre dans les langues d’Europe. C’est pour cela que, pour plus de clarté, nous suivrons dans ces notes la division et l’ordre ordinaire, et nous parlerons successivement de l’article, de l’adjectif, du nom, du pronom, du verbe, de l’adverbe, de la conjonction, de la préposition et de l’interjection.