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moitié de Futuna, en est séparée par un canal étroit dont la profondeur est considérable.

Ce sont là les renseignements géographiques pris par les navigateurs, on peut dire en passant, ces îles n’ayant pas de port et aucun navire de guerre n’étant resté mouillé quelques jours dans l’anse de Sigave, ouverte à la houle du sud-est.

Mais, heureusement pour l’histoire de l’Océanie et aussi pour le bonheur des Futuniens, la charité ayant conduit vers eux quelques Français, ce petit coin du monde peut montrer aujourd’hui, non seulement ce que deviennent des anthropophages entre les mains de missionnaires catholiques, mais aussi comment un travail de savant, j’allais dire de bénédictin, comme celui que nous présentons aujourd’hui, peut être mené de front avec la conversion d’indigènes.

À partir de 1837, date de l’arrivée du R. P. Chanel, mariste, à Futuna, il y a peu de volumes des Annales de la Propagation de la Foi qui ne donnent quelques détails sur les mœurs, le caractère ou l’histoire des indigènes, et je ne saurais mieux faire, pour servir d’introduction à l’œuvre si complète du missionnaire auquel nous devons ce volume, que de résumer brièvement ce qui est contenu dans les lettres de ses collègues.

Les îles Futuna ont une origine volcanique ; leur squelette, formé de roches basaltiques, est entouré comme à Tahiti d’une ceinture de corail ; mais elle est ici simple, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de lagons en forme de couronne autour des îles.

La végétation, sous une latitude de 14° sud, a la même exubérance qu’à Tahiti. Pendant la saison des pluies, on voit en réalité pousser les feuilles des bananiers.

Le sol est assez arrosé ; des brouillards se forment souvent autour des sommets et mouillent abondamment la végétation qui les couvre ; on compte douze ruisseaux dans la partie S.-E.-O. de Futuna.

La terre est cultivée dans les vallées, où les indigènes font pousser les légumes océaniens : le taro, la patate, l’igname, l'ufiléi (espèce d’igname), l’arbre à pain (mei) ; ils sèment aussi