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8. À toi, directeur des sacrifices, pasteur de la vérité, à toi qui es plein de splendeur, à toi qui t’accrois dans ta propre demeure (le bûcher) !

9. Sois-nous d’un abord facile, ô Agni ! comme un père l’est pour son fils, et viens-nous en aide pour faire le bonheur de notre vie.


Cet hymne, bien que le premier du recueil, n’est pas un des plus anciens. On a vu qu’au deuxième çloka, il est fait mention d’autres chants plus anciens, composés par de plus anciens poètes. En outre, l’auteur Madućanda, est fils d’un sage ou Richi[1], nommé Viçvamitra. Or ce dernier, d’après la tradition brahmanique, était un roi qui, par la force de ses méditations, s’éleva a la dignité de brahmane. Il est vrai de dire que le Rig-Véda, qui contient nombre de poésies de Viçvamitra, ne fait jamais allusion à cet incident. Néanmoins, la tradition, malgré ces détails d’une époque postérieure, est une preuve de l’existence réelle et quasi-historique de Viçvamitra, tandis que s’il eut été un des chantres de l’émigration de la vallée de l’Oxus à la vallée de l’Indus, il eût été confondu dans des récits mythiques avec des personnages fabuleux. Ainsi d’Angiras, qui fut sans doute un des premiers poètes aryas, qui donna son nom à une famille sacerdotale, les Angirasas, et qui est confondu avec le dieu Agni, comme on a pu le voir dans le 6e çloka. Confusion aisée à faire, car ce nom est parent d’Angara, le charbon, comme le fait remarquer le Yakṣa, qui cite un passage de l’Aitareya.

  1. L’orthographe correcte est Rṣi, mais l’usage à consacré Richi