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philologie comparée ; on les étudie, on les expérimente, on les applique, et l’on est convaincu de la certitude, de l’intérêt et de l’utilité de la science du langage.

Dans ce travail de critique historique et de philologie, il n’y a pas lieu d’insister sur l’excellence de la méthode naturelle dans l’étude des langues classiques et des langues vivantes, mais il est nécessaire de constater les résultats admirables de cette méthode dans les études védiques qui m’occupent particulièrement ici. On sait que les Védas sont écrits en sanskrit ; ce qui est moins connu, c’est que le sanskrit védique n’est ni le sanskrit littéraire des Épopées, ni le sanskrit des lois de Manou. L’idiome védique est rempli d’archaïsmes, a des formes plus antiques, plus complètes, a des tournures grammaticales plus nombreuses et qui lui sont propres ; il a même des expressions dont le sens est lettre close pour les plus érudits Pandits de l’Inde, ou qu’ils comprennent de travers. Or, c’est à la philologie comparée qu’on est redevable de la traduction exacte et certaine de ces mots inconnus ou mal compris.

La philologie comparée est également d’un secours tout puissant dans une science nouvelle et bien intéressante, je veux parler de la mythologie comparée. En donnant le sens antique et primordial des noms des divinités, elle a donné en même temps l’histoire des mythes à leur naissance, cachée ou obscurcie par les systèmes théologiques des époques plus récentes. L’étude des Védas, surtout du Rig-Véda, a été d’une utilité incomparable pour la mythologie de la race indo-européenne. Avant qu’on le connût, la science des mythes de l’Inde et de l’Europe se débattait entre des symboliques de convention et des traditions de seconde et même de troisième main.