Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 1.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 47 —

mand actuel ne trouve la sienne dans le tudesque. Le français est à coup sûr le latin parlé du Rhin aux Pyrénées au xixe siècle, mais le latin est-il autre chose à son tour que l’aryaque fonctionnant dans un de ses rameaux ? Je citais tout à l’heure le travail de M. Schleicher sur la langue allemande ; n’avais-je pas également sous la main celui de M. Chavée sur le wallon, publié trois ans avant celui du linguiste allemand ?[1] On sait que la langue wallonne, si remarquablement étudiée par M. Ch. Grandgagnage[2], ne fut, dès ses premiers temps, qu’un dialecte congénère du normand, du picard, du bourguignon, fort proche d’ailleurs de la seconde de ces formes. Les événements historiques l’éloignèrent dans la suite des temps jusqu’à une certaine limite de ses trois frères, si bien qu’il ne peut aujourd’hui être considéré, à l’exemple du picard, du bourguignon, du normand, comme un patois de la langue française. L’auteur de Français et wallon a traité cet idiome ou, pour mieux dire, un de ses deux rameaux, le namurois, en tant que simple tige de la grande unité aryaque : c’est le procédé auquel nous applaudissions tout à l’heure dans Die deutsche Sprache, le seul logique, le seul scientifique, le seul fécond en résultats.

Cet état typique de la langue restituée dans sa morphologie intacte, adressons-nous à lui, allons droit à la condition organique pour avoir raison du devenir. Lorsqu’on y pense un peu sérieusement, cette marche est tellement simple, tellement élémentaire qu’il peut sembler oiseux, sinon naïf, d’en préconiser l’emploi. Mais combien de personnes, j’entends parmi les lettrés, igno-

  1. Français et wallon ; Paris, 1857.
  2. Dictionn. étym. de la langue wallonne.