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du provençal, de l’italien, de l’espagnol, du portugais et d’une bonne part de la langue roumaine. Voilà qui ne nous semble pas tant à dédaigner.

Pourtant, l’introduction dans les études scolaires de ce premier pas si simple, si aisé, serait loin de donner satisfaction parfaite au besoin irrésistible du progrès. Non, l’on ne s’arrêtera pas à ce premier degré. Un jour viendra, espérons qu’il ne se fera pas trop attendre, où l’on fera plus et mieux que demander à la fonction l’exposition de son mécanisme : on lui en demandera raison ; c’est à l’organe que l’on s’adressera, non pas indirectement, mais du premier coup et avant tout autre examen. — Il existe en Allemagne et sur la langue allemande par elle-même, un remarquable exemple de cette marche naturelle. Pensez-vous que M. Schleicher, dans son excellent ouvrage Die deutsche Sprache[1], ait commencé par traiter l’allemand moderne, le haut allemand ?.. Il n’en est rien. Tel est le dernier mot de son livre, le premier appartenant logiquement à l’examen de la constitution de la souche commune typique. La langue d’Ulfilas, représentant à peu près pur de l’état d’unité germanique, est l’objet de la seconde étude ; enfin et successivement se déroulent la période tudesque (vieux-haut-allemand), la période du moyen-haut-allemand, la période actuelle. Le savant professeur s’est bien gardé de se tourner vers la fonction à l’un quelconque de ses degrés : étudier l’allemand moderne en l’expliquant par l’allemand du xiiie siècle ou l’allemand de Charlemagne, indique une curiosité infiniment louable, mais n’aboutissant en fin de compte à aucune interprétation scientifique. Or le français ne prend pas plus sa source dans le latin, que l’alle-

  1. Stuttgart, 1860.