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tent, dans leur nombre, aucun morceau de longue haleine sainement orthographié, d’après des principes grammaticaux fixes et constants. Est-ce vraiment bien respecter l’œuvre du poète ou de l’historien que sacrifier ainsi la correction de la langue écrite aux bévues d’ignorants copistes ?.… Nous ne le pensons pas, et notre vœu le plus vif est, qu’à l’aide des excellentes données grammaticales que nous possédons, les textes en question soient enfin restitués à la pureté complète dont ils sont dignes au plus haut point. Ce qui se pratique tous les jours pour les classiques grecs et latins est-il donc hors de mise du moment qu’il s’agit de nos gloires littéraires directes ?

Pour en revenir à la linguistique proprement dite, on sait que les langues romanes ne procèdent pas directement du latin de Cicéron et de Virgile : M. Hugo Schuchardt a publié ces temps derniers un travail fort intéressant sur le vocalisme du latin vulgaire[1].

Quant au glossaire de du Cange, est-il besoin de rappeler ce qu’il contient de renseignements sur la basse latinité ?

On le comprend, étudier le français d’après la méthode historico-comparative, c’est, par le seul et même fait, prendre connaissance de l’ensemble des langues novo-latines. Pour bien se rendre compte de ce que j’avance ici, il n’y a qu’à ouvrir, à peu près au hasard, le premier volume de la grammaire de M. Diez ; que de formes de l’un des rameaux linguistiques romans ne s’expliquent scientifiquement qu’au moyen de leurs congénères ! De la sorte, sans difficulté, et comme premier résultat, de la connaissance raisonnée du français naît l’intelligence

  1. Leipzig, 1866.